Intégrer Niyama dans les postures de yoga ?


Niyamas

 

Les 5 Niyama constituent le 2ème "membre" de l'Ashtanga Yoga. Ils nous encouragent à mettre en œuvre des pratiques positives et constructives  pour transformer notre vie.

 

Tout comme les Yama, il est possible de les intégrer dans vos séances d'asanas.

 

Voici quelques pistes pour intégrer les 5 Niyama  dans votre pratique :

 


Sauca


śauca est lié aux notions de propreté, de pureté et de respect externe et interne.

  • Dans notre pratique c’est tout d’abord un corps et une tenue propres et corrects. Pas seulement à l'extérieur (corps, pieds et tapis propres), mais aussi à l'intérieur (vider le ventre avant le cours). Pas d'odeurs trop fortes, pas de parfum fort, même de qualité.
  • C'est installer soigneusement vos supports (tapis nettoyés, couvertures bien pliées, plaques, briques alignées), serviette de protection propre. Ces supports sont des représentations extérieures de votre monde intérieur. Développez l’attention à leur égard. Travaillez le respect des choses et de votre environnement.

Tout cela contribue à développer une énergie positive dans la salle de pratique. L’énergie du groupe aide à trouver l’énergie individuelle.
Vous avez rendez-vous avec vous-mêmes. Avec votre partie la plus sacrée. Honorez-la, comme en venant à une cérémonie ou comme vous honorez un visiteur important pour vous.

  • Soyez conscients et respectueux des autres. Ne les dérangez pas dans leur pratique.
  • Chantez le OM avec respect et dévotion, cherchez à harmoniser votre voix avec celle des autres. Écoutez-les sans chanter plus fort. Ressentez ses effets vibratoires.
  • Dans l'entrée en posture, cherchez à faire des gestes propres, « purs », justes et précis, sans mouvements parasites. Sachez quel geste faire et faites-le lentement, avec beaucoup de conscience. Aucun geste involontaire ne doit perturber (« salir ») votre posture.
    Par ex. essayez de monter en Ardha Chandrasana* dans un seul geste, coulé et fluide c’est sauca.
    Descendre en Parivrta Trikonasana* les 2 bras alignés, c'est sauca.

 * à voir sur le tableau

 

Santosa


santosa c'est prendre les événements tels qu'ils se présentent. C'est cultiver le contentement en toutes circonstances.

  • Quel que soit ce que vous demande le professeur (ou la posture que vous avez entrepris de faire chez vous), soyez contents ; profondément contents de faire ce que vous faites et content de ce que vous avez fait.
  • Maintenez la posture et manifestez votre contentement par un sourire intérieur, une aisance apparente. Il ne doit jamais y avoir aucune grimace sur votre visage ni aucun essoufflement durant un asana. Sinon, c'est que vous êtes allés trop loin. Accueillez les étirements et sensations d'inconfort qui se présentent à vous, comme de nouvelles opportunités de repousser vos limites actuelles, de créer en vous de plus grands espaces et de nouvelles ouvertures.
  • Soyez satisfaits des progrès déjà accomplis, du chemin que vous avez déjà parcouru.
  • Recherchez toujours la paix intérieure dans vos postures. Considérez toutes les postures, mêmes les plus difficiles, comme des opportunités de grandir et d’apprendre.

 

Tapas


tapas : faire preuve d'ardeur et de volonté dans la pratique (discipline et persévérance)

 

Vous vous installez parfois si confortablement dans une posture que votre esprit n'est plus présent et se met à vagabonder, bien loin de ce que vous êtes en train de faire.

Vous n'êtes plus dans la pratique. Votre posture n'évolue plus. Il est temps de pratiquer Tapas.

 

Modifier des années de mauvaises habitudes physiques et mentales demande de la foi, de la volonté et des efforts.

 

Pour vous transformer, vous devez activer le feu en vous, tout comme un alchimiste réactive le feu de son athanor.

La chaleur de Tapas brûle les impuretés physiques et psychiques, ce qui participe à l'amélioration de votre santé.

  • Chaque fois que vous avez envie de revenir d’une posture difficile à tenir, restez encore quelques secondes de plus, et refaites la posture une nouvelle fois… C'est Tapas.
  • Chaque fois aussi que vous n’avez pas envie de pratiquer et que vous vous décidez quand même de vous y mettre, vous faites Tapas.
    Vous savez que cette séance vous fera du bien.

Ce qui est important n’est pas uniquement le résultat, mais la manière dont nous y arrivons et nos efforts constants pour nous améliorer.

 

 

Svadhyaya


svādhyāya : l'observation intérieure (étude de soi) et l'étude des textes sacrés.

  • Svadhyaya est par exemple l’étude des Yogas Sutras, et notamment l’intégration des Yama-Niyama dans votre séance de yoga, puis dans votre vie.
  • C’est aussi au cours d'une séance, l’étude du fonctionnement de son corps, de sa respiration, de ses émotions, de son psychisme, du fonctionnement de son mental, de ses pensées, en tant qu’objet d’expérimentation.
    Nous nous détachons de nous-mêmes pour devenir témoin de ce qui se passe en nous.
  • Pratiquez, lisez, regardez des vidéos sur le yoga, puis expérimentez. Vous êtes à la fois le sujet qui étudie et l'objet d'étude, la pierre et le constructeur de votre propre édifice. Vous expérimentez comme un scientifique étudie l’anatomie ou le comportement d’un être vivant et sensible.
  • Profitez des séances de yoga pour apprendre à apprendre sur vous, en vous observant de l’intérieur ; l'étude de notre microcosme nous permet d'appréhender le macrocosme et de mieux comprendre le monde et la nature qui nous entoure.

 

Isvara-pranidhana


Iśvara-praṇidhāna  c'est dédier ses actes à Ishvara, le Soi non personnel, l'Être sans naissance ni mort, «l'Être universel», à l’origine et à la fin de tout ce qui est.

  • Iśvara-praṇidhāna c’est le « Ainsi-soit-il », le « Amen » des chrétiens. J’ai fait de mon mieux, j’ai fait tout ce que j’ai pu ; Pour le reste, je m’en remets au Principe créateur universel, à Dieu, au Tout Puissant, à Celui qui ne peut être nommé, à Brahma, à l'Absolu (c'est au choix :-)  ! )
  • Une fois que nous sommes correctement placés dans une posture, que nous la faisons de notre mieux, avec tout notre cœur, nous nous abandonnons avec confiance. Nous faisons ce que nous pouvions faire ; nous tenons, ferme et stable, aussi longtemps que nous le pouvons.
  • Iśvara-praṇidhāna c'est une collaboration entre notre volonté personnelle et des forces ou énergies vitales qui nous dépassent. Celles-ci vont progressivement transformer notre corps, améliorer notre santé, notre compréhension de l'existence et notre état d'être au quotidien. Nous plaçons juste notre corps dans de bonnes dispositions pour que l'expérience de l'unité avec de qui nous dépasse se produise.
  • Ce n'est plus "moi" qui fait la posture, c'est la Posture, l'asana qui se fait en moi et qui me fait.
  • L'humilité dans la pratique nous connecte avec notre silence intérieur et avec les forces vitales à l’œuvre dans notre corps. Nous appréhendons avec sérénité le profond mystère de la vie, de la mort, de l’existence et nous trouvons la Paix.
  • En dédiant nos efforts et notre pratique à la force de vie universelle dans laquelle nous baignons tous, quel que soit le nom qu'on lui donne, nous nous plaçons dans les meilleures dispositions pour expérimenter la paix, vivre dans l'harmonie, être en bonne santé, trouver la force de nous réaliser et bénéficier de la joie profonde qui en découle.

 

 

Jean-Louis Lepreux, professeur au Studio